Entrevue réalisée par Quartier Libre à la sortie du studio pour l'album "Sous un Ciel Écarlate"
Quartier Libre: Pourquoi «Sous un ciel écarlate»?
Safwan: « En
soi, c'est juste une image, mais le texte décrit peut-être
un état d'esprit qui est celui
de l'album et qui est d'être
bien hargneux, bien fonceur. On veut que cet album-là fasse marque
de
coup.»
Q.L: Qu'est-ce qui est différent du dernier album studio, Engrenages?
Safwan: «La plus
grande différence, c'est d'abord que le groupe n'a jamais enregistré
avec la
batterie en studio, sauf pour des
maquettes. Aussi, il y a le fait que les entrevues ont été
faites à
deux guitares, c'est-à-dire
que Sylvain va pouvoir être beaucoup plus versatile puisque je vais
enregistrer la rythmique. Ça
donne un résultat qui est beaucoup plus «live», probablement
plus cru
aussi, mais pas mal plus vivant.»
Q.L: Peut-on s'attendre à une cassure avec tout ce que vous avez fait jusqu'à présent?
Sylvain: «Les
nouvelles chansons ont été conçues pour être
jouées par deux guitares, ce qui donne
nécessairement un spectre
sonore beaucoup plus large.»
Safwan: «C'est
certain aussi que les arrangements musicaux ont beaucoup évolué.
Les chansons,
la majorité d'entre elles
à tout le moins, ont mûri depuis un certain temps, c'est-à-dire
que les
versions que l'on jouait d'elles,
il y a six mois, ne sont plus les mêmes aujourd'hui.»
Q.L: Et les thèmes abordés...
Safwan: « On
a réussi, je crois, à atteindre une certaine maturité
à ce niveau-là. Je peux parler de
choses plus personnelles d'une façon
sensible et utiliser l'approche du groupe pour le faire. Mais en
même temps, il y a des morceaux
comme Mort ou vif ou Sans reddition qui sont des morceaux
classiques Banlieue Rouge.»
Sylvain: «Musicalement
c'est pareil. Par moments, on est plus heavy qu'on ne l'a jamais été,
mais
en même temps, on se découvre
aussi un côté... je ne dirais pas plus doux, mais plus nuancé.
On
s'est rendu compte qu'on n'était
pas obligé de jouer à fond tout le temps. Et croyez-le ou
non, sur
cet album-ci, Safwan chante. Il
a de la mélodie dans la voix!»
Q.L: Vous avez été courtisés par des «majors», pourquoi être restés chez Cargo?
Safwan: «Ce qui
a toujours été important pour Banlieue Rouge, c'est d'être
indépendant. Être
indépendant sur Columbia,
je m'en fous, si on me donne ce dont j'ai besoin pour faire de la bonne
musique, offrir de bons spectacles
et de bons albums. Sauf que les gens de Cargo ont réussi à
montrer patte blanche, et à
nous démontrer qu'ils étaient intéressés à
rencontrer certaines de nos
démarches.»
Q.L: Est-ce que vous pensez que «l'explosion» va avoir lieu avec ce nouvel album?
Safwan: «C'est
difficile à dire. C'est plate un peu parce qu'au Québec,
il y a longtemps que l'on
fait ce qu'on fait. On a vendu pas
mal d'albums, on a fait beaucoup de concerts. Les gens nous
connaissent de nom, à la
limite, sauf qu'on n'a pas les avantages de diffusion d'autres artistes.
On
sait qu'on fait du rock indépendant,
mais je ne crois pas qu'on devrait être handicapé par cela.
On
devrait avoir les mêmes droits
que les autres.»
Q.L: Est-ce que celà vous dérangerait de sortir de l'underground?
Safwan: «Pas
du tout, si on n'a pas à travestir notre musique pour le faire.
Nous sommes persuadés qu'auprès de beaucoup de gens, c'est
une musique qui plairait s'ils avaient la chance de l'entendre et de se
dire: «C'est du québécois, ça aussi?»